CONTRE VENTS ET MARÉES : LE PORT, REMPART DE NOTRE ÉCONOMIE

J’ai mis un certain temps avant d’écrire cette chronique, le sujet m’habitant depuis un moment déjà. Il m’a fallu laisser mûrir ces réflexions qui m’ont menée à penser au lien profond qui unit notre Port à l’âme de notre ville. Pendant des siècles, le fleuve Saint-Laurent a été plus qu’un simple lieu d’accostage pour les navires ; il a été le cœur battant de notre économique, le souffle vivant de notre histoire, la voie par laquelle des générations ont vu arriver l’avenir – sur des navires remplis d’espoir, de matières premières et de promesses. Il a été notre ouverture sur le monde, notre artère vitale et, parfois, notre ligne de résistance.

Aujourd’hui, alors que les courants mondiaux deviennent plus imprévisibles et que les vents économiques changent de direction sans prévenir, le rôle du Port de Québec comme moteur essentiel de notre prospérité n’a jamais été aussi évident – ni aussi précieux.

Le vent du sud : naviguer en eaux troubles

Ces derniers temps, on entend souvent parler de « guerres tarifaires », un terme qui peut sembler lointain… jusqu’à ce qu’on le ressente dans notre quotidien.

Pour faire simple : les droits de douane sont des taxes que les gouvernements imposent sur les marchandises qui franchissent leurs frontières. En pratique, cela peut vouloir dire que les fruits, les vêtements ou les appareils ménagers que nous achetons deviennent plus chers. Pour nos entreprises, c’est une pression directe : des coûts plus élevés pour importer les pièces ou les matériaux nécessaires à leur production et un risque de perdre des parts de marchés si leurs produits deviennent trop coûteux pour rester compétitifs.

Dans ce climat d’incertitude, le besoin de stabilité, d’autonomie et de résilience devient essentiel. C’est là que notre fleuve et notre Port révèlent toute leur force.

Le fleuve : notre force

Dans ce monde en tension, on parle beaucoup d’autonomie logistique. Un mot un peu froid, peut-être, mais qui, chez nous, à Québec, a un sens très concret.

Cette autonomie, c’est notre capacité à compter sur nous-mêmes pour faire arriver ce qui est essentiel : l’énergie, les matériaux bruts, les ressources naturelles qui nourrissent notre économie locale. Et nous la devons, en grande partie, à ce fleuve majestueux et à l’infrastructure qui en canalise la puissance : le Port de Québec.

Le fleuve Saint-Laurent n’est pas seulement un paysage emblématique : c’est une voie vitale. C’est par lui que transite ce dont nous avons besoin pour vivre, produire, bâtir.

Le Port, c’est notre outil commun, notre lien avec le monde. Il accueille, il veille, discret, mais indispensable, à ce que circulent les matières premières qui alimentent nos industries, nos chantiers, notre développement. Même quand l’extérieur tangue, il permet à notre quotidien de tenir bon.

Et il fait bien plus. Il permet à nos entreprises de bâtir une prospérité enracinée, ici, dans le territoire. Il soutient des emplois, alimente nos usines et fait vivre une chaîne de transformation qui commence souvent au quai. Ce n’est pas qu’une question de transport, mais une question d’autonomie, de résilience et de regard tourné vers l’avenir.

Le Port : notre phare

C’est dans les périodes d’instabilité que l’importance stratégique du Port devient la plus évidente. En contexte de guerres tarifaires ou de tensions commerciales, il agit comme un amortisseur. En diversifiant nos routes maritimes et nos marchés, il réduit notre dépendance à un seul partenaire et offre des alternatives concrètes à nos entreprises.

Il facilite l’importation de biens essentiels en provenance de différentes régions du monde, ce qui peut aider à contenir les hausses de prix. En parallèle, il ouvre de nouveaux débouchés à nos exportateurs, renforçant ainsi leur agilité et leur compétitivité.

Le Port de Québec n’est pas qu’une simple infrastructure. C’est un moteur, un pôle dynamique, une plaque tournante qui permet à notre ville de s’adapter, de se diversifier et de rester forte face aux vents contraires. Il reflète notre vision à long terme ainsi que notre volonté collective d’investir dans des fondations solides pour l’avenir.

Le Port de Québec n’est pas figé. Il bouge, il évolue, il s’adapte à son époque – à nos besoins, à nos espoirs. C’est un lieu de passage, mais aussi un point d’ancrage.

Il incarne notre capacité à rester debout, à voir venir le large, tout en protégeant ce qui nous est cher, ici, chez nous.

Une pensée pour conclure

Je vous laisse avec ces mots qui, je l’espère, résonneront en vous comme ils résonnent en moi :

« Un port n’est pas seulement une porte, c’est une ancre. Une ancre qui tient une ville dans la tempête et lui permet de jeter l’œil vers de nouveaux horizons. »

– Olga Farman